Biographie
Jérôme
Lejeune 1927-1994
.... suite
Cytogénétique clinique,
évolutive, gémellaire, Jérôme Lejeune a également
contribué à la connaissance de la cytogénétique
cancéreuse en rapportant la première observation d'une évolution
clonale chez un enfant trisomique leucémique. Avec tout le regret
qu'on imagine, il s'est également rendu compte a posteriori qu'il
avait, sur une de ses lames de leucémie myéloïde chronique,
un superbe chromosome de Philadelphia «princeps» qui lui avait…
échappé. Même, dans les dernières semaines
de sa vie, connaissant son mal, il s'était à nouveau tourné
vers la recherche d'une explication de la carcinogenèse. Avec son
médecin traitant, le Professeur Lucien Israël ils cherchèrent
à corréler la cancérogenèse et l'évolution
du système nerveux chez les organismes supérieurs. Quelques
jours à peine avant sa fin, Jérôme m'avait téléphoné
pour me dire qu'il était frappé par le fait que le cancer
n'apparaît qu'après un certain degré d'évolution
phylogénétique des êtres vivants, épargnant
les espèces les plus primitives. Il me demanda si j'avais la moindre
notion à cet égard. Je n'ai pu lui répondre que «
hélas non".
Mais là ne s'arrête pas l'activité créatrice
de Jérôme Lejeune. Il se passionna durant un temps pour la
biochimie stérique. Il avait construit des modèles moléculaires,
ses « boules», qui envahirent comme des coquelicots les meubles
de son laboratoire de la faculté. Ses thèmes de recherche
pouvaient être aussi divers que la transmission du courant nerveux
dans les synapses ou la mise en évidence d'un « code de congruence.
» expliquant la reconnaissance des séquences d'ADN par les
molécules protéiques lors des régulations génétiques
ou hormonales.
Mais l'obsession de Jérôme Lejeune a toujours été
de déceler les mécanismes de la débilité mentale
afin de la traiter. Et ce fut, tout au long des dernières années,
le tourbillon des flux biochimiques s'entraînant les uns les autres
à la manière d'engrenages circulaires. Ses dessins à
la plume laissaient bouche bée. Son cheval de bataille était
la famille des folates dont le rôle était à ses yeux
fondamental.
L'expansion imaginative de Jérôme Lejeune était quasi
infinie, produisant chaque jour une nouvelle idée, un nouveau concept,
une nouvelle théorie.
Professeur de Génétique Fondamentale, Jérôme
Lejeune était couvert d'honneurs: membre de l'Institut, membre
de l'Académie Pontificale des Sciences, premier président
de l’Académie Pontificale pour la Vie, membre de l'Académie
de Médecine, docteur honoris causa de nombreuses universités
étrangères. Il ne fut jamais lauréat Nobel, alors
que son œuvre scientifique l'aurait pleinement justifié. Et
cela pour des raisons qui échappent aux considérations purement
scientifiques. Elles sont nombreuses. Elles font partie de « l'environnement
» extra-scientifique du « savant» Lejeune. Nous savons
tous que ses convictions morales, proclamées urbi et orbi, ont
suscité vénération et opprobre.
Je veux dire très simplement, pour terminer, que lors de ses obsèques,
la cathédrale Notre Dame de Paris était comble, remplie
de personnes venues du monde entier, témoignant de la notoriété
et de l'estime universelle de Jérôme Lejeune. Je veux dire
aussi qu'il a laissé une épouse exemplaire qui a été
sa compagne indéracinable depuis les premiers jours, cinq enfants,
et vingt sept petits-enfants. Un témoignage irréfutable
de son respect de la vie.
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